Tranquillisants et maladie d’Alzheimer

La prescription des médicaments tranquillisants pour les malades d’Alzheime augmente alors que leur efficacité est relative et qu’ils peuvent même aggraver leur état. Une étude française récente le rappelle.

Malgré plusieurs alertes des autorités de santé sur les risques liés à la prise de neuroleptiques par les personnes âgées et, en particulier, celles atteintes de la maladie d’Alzheimer et d’autres formes de démence, la prescription de ces médicaments a progressé en France entre 2010 et 2014. C’est ce que regrette l’équipe du Dr Karim Tifratene de l’université de Nice-Sophia-Antipolis et du CHU de Nice, dans l’étude publiée fin avril dans la revue Alzheimer’s Research & Therapy.

Les auteurs rappellent que les neuroleptiques – destinés à traiter la schizophrénie, les états délirants, l’agitation et l’agressivité – sont parfois prescrits chez les patients présentant des troubles du comportement ou des symptômes neuropsychiatriques. Leur efficacité n’est pourtant pas démontrée et ils peuvent entraîner des effets indésirables potentiellement graves. Leur action sédative est susceptible de provoquer des hypotensions et d’entraîner des chutes. Ils peuvent aussi augmenter les symptômes neuropsychiatriques.

Pour connaître la prévalence de la prescription de ces médicaments chez les patients souffrant de démence en France, les auteurs ont utilisé la Banque nationale Alzheimer (BNA) dans laquelle sont enregistrées les données des patients inclus par les Centres Mémoire de ressources et de recherche, les consultations mémoire et des spécialistes libéraux. Ils ont ainsi pu analyser les données de près de 200 000 personnes présentant une maladie d’Alzheimer ou une démence, enregistrées entre 2010 et 2014.

Il en ressort que 9 % de ces malades ont reçu au moins une fois un de ces traitements au cours de la période étudiée. Et que le nombre de prescriptions a augmenté de 16 %. Cette tendance s’observe à la fois pour les patients vivant à domicile et ceux présents dans des établissements de soins de longue durée. Les hommes avec un déclin cognitif sévère et vivant en établissement de longue durée sont les plus à risque de recevoir ce traitement. L’étude indique aussi que 70 % des patients sous neuroleptique prenaient un autre psychotrope, souvent un antidépresseur.

Le 3ème plan Alzheimer 2008-2012, insistait sur une nécessaire une surveillance des effets indésirables provoqués par les médicaments, en particulier par les neuroleptiques. À l’issue du plan, la prescription avait baissé mais de manière jugée insuffisante. La consommation des neuroleptiques a été reprise dans le plan maladies neurodégénératives 2014-2019. Il reste donc encore du chemin à parcourir.
Source : Le Point
Rappelons que le groupe Almage privilégie depuis sa création, dans chacun de ses centres, une approche non médicamenteuse de la maladie d’Alzheimer et en constate les bénéfices réels sur la santé des résidents.