Par Dr Alfred SAILLON – Dr André MACHERY
Face à la maladie d’Alzheimer et aux troubles apparentés, pour combattre ou retarder leurs effets, plusieurs approches thérapeutiques sont possibles. Comme souvent dans ce domaine, les mots ont leur importance. Qu’appelle-t-on « thérapies non médicamenteuses » ? Selon le rapport 2011 de la Haute Autorité de la Santé, il s’agit des thérapeutiques nécessitant une participation active du patient en interaction ou non avec un professionnel de santé.
On peut classer ces thérapies en 3 groupes : les règles hygiéno-diététiques, qui regroupent les régimes diététiques, les activités physiques et sportives, les modifications des comportements alimentaires ou l’hygiène corporelle ; les traitements psychologiques, avec leurs différentes variantes ; enfin les thérapeutiques physiques où l’on retrouve la kinésithérapie, ergothérapie, etc. Rappelons que pour être efficaces, les thérapies médicamenteuses et non médicamenteuses doivent être complémentaires. Il ne faut pas favoriser, par principe, la substitution des prescriptions médicamenteuses par celles des thérapeutiques non médicamenteuses.
En gériatrie, l’application de ces thérapeutiques est d’autant plus importante qu’on avance en âge. En effet, avec l’âge les polypathologies, les prescriptions multiples, donc le risque dit « iatrogénique » (effets néfastes pouvant être provoqués par un traitement médical) et les interférences médicamenteuses, prennent de l’importance.
Pour la maladie d’Alzheimer et les troubles apparentés, l’approche non médicamenteuse offre de multiples interventions possibles : langage, orthophonie, stimulations cognitives ou sensorielles, activité motrice, prévention (hydratation, transit, chutes…). Une prise en charge globale doit associer plusieurs types de ces interventions.
Une efficacité reconnue
Face à la maladie, l’approche non médicamenteuse ouvre un large champs des possibles pour apporter du bien-être, réduire l’apathie, prévenir les troubles du comportement et la dépression, maintenir et développer la sociabilité, lutter contre la dénutrition, limiter le risque de chutes, retarder la grabatisation, etc.
Malgré ces avantages, on constate des freins à la prescription de ces thérapies complémentaires. Il y a plusieurs raisons. En premier lieu, le rôle symbolique que revêt pour le médecin comme pour le patient la rédaction de l’ordonnance médicamenteuse. Ensuite, nous manquons de données d’évaluation de ces thérapeutiques non médicamenteuses, du fait notamment qu’une majorité de ces études sont financées par les laboratoires pharmaceutiques. Et pourtant, force est de reconnaître en psychogériatrie dans le domaine d’Alzheimer, de nombreuses études scientifiques d’évaluation des thérapeutiques non médicamenteuses vs placebo relèvent leur efficacité, seules ou associées à des psychotropes.
Des protocoles adaptés en EHPAD
Les EHPAD, et plus particulièrement les centres Alzheimer, ont mis en place des protocoles adaptés qui intègrent les thérapeutiques non médicamenteuses : les équipes de soin y sont formées, le maintien du lien social est un axe majeur de la prise en charge globale des personnes dépendantes, et l’animation intervient comme outil thérapeutique. Cette approche, lancée il y a une trentaine d’années, a largement montré ses fruits.