Psychothérapie et Alzheimer

Par Dr Alfred SAILLON, psychiatre

Rappelons la définition de la psychothérapie : il s’agit d’une méthode thérapeutique qui fait uniquement appel à des moyens psychologiques afin de traiter les troubles psychiques ou somatiques (1). Le Larousse précise: « toute utilisation de moyens psychologiques pour traiter une maladie mentale, une inadaptation ou un trouble psychosomatique. » Quels sont ces moyens psychologiques évoqués dans la définition du Larousse ? Le nombre de méthodes et d’écoles de psychothérapie est grand et augmente régulièrement, nous n’allons pas les énumérer ici.

Face à la maladie d’Alzheimer dont l’élément essentiel est la baisse progressive des fonctions cognitives, c’est à dire notamment des fonctions intellectuelles, le recours à la psychothérapie est-il justifié? Quel bénéfice le malade peut-il espérer retirer de telles thérapeutiques? Quelles méthodes privilégier pour traiter un malade d’Alzheimer?

De l’utilité des psychothérapies

Est-il utopique de proposer une psychothérapie à un malade d’Alzheimer? Il est essentiel de toujours considérer le malade d’Alzheimer quel que soit le stade évolutif de sa maladie comme un être à part entière, un être qui conserve une vie psychique, qui est sensible à son environnement, qui a des émotions et des sentiments et ce, même lorsque la communication verbale a totalement disparu.

Si on ne prétend pas guérir l’Alzheimer par la psychothérapie, mais que l’on souhaite rester en relation avec le malade et lui apporter du mieux-être, alors oui, la psychothérapie est légitime et nécessaire.

De la méthode de psychothérapie à privilégier

La psychothérapie auprès du malade d’Alzheimer ne doit pas seulement être empreinte de “gentillesse, de douceur, d’empathie”, elle doit aussi s’appuyer sur des bases scientifiques. Elle doit être évaluable, évolutive et apporter aux thérapeutes une aide technique pour décoder le « néo langage » des malades, évaluer ses besoins et y répondre au mieux. C’est ainsi que la gentillesse, à la douceur et à l’empathie peuvent êtres durables et bien perçues par les malades.

Les thérapies cognitives et comportementales répondent le mieux à ces recommandations. C’est sur cette base que les psychologues vont accompagner au quotidien les malades et les soignants pour élaborer l’approche la plus adaptée à chacun en fonction du stade évolutif de sa maladie, de son histoire de vie, de ses goûts personnels.

C’est sur cette base que sont élaborées les différentes activités et stimulations cognitives. Elles sont conçues pour être ludiques et attrayantes certes, mais aussi thérapeutiques, c’est-à-dire pensées pour stimuler le cerveau en favorisant la sociabilité et la communication tout en maintenant la mobilité.

L’approche cognitive et comportementale de la maladie d’Alzheimer prend en compte autant le niveau cognitif évalué par des bilans spécifiques, que l’état somatique général et les thérapeutiques médicamenteuses en cours. On évalue le niveau des besoins quotidiens (alimentation, hydratation, transit), les fonctions sensorielles (vue, audition), la compensation des déficits, etc. On y intègre également les éléments environnementaux, tels que l’habitat, la nature des aidants, professionnels ou familiaux, l’état d’esprit de ces aidants, leur santé, leur disponibilité, leur aptitude à apporter des réponses adaptées à leur protégé…

L’approche cognitive et comportementale est donc une approche globale qui associe la prise en charge du corps et de l’esprit de manière indissociable dans le but de ralentir autant que possible l’évolution du déclin cognitif, d’atténuer les troubles du comportement et avant tout d’aider les malades à trouver plus de bien-être malgré leur maladie.

(1) Office de la Langue Française (1999)