La recherche se focalise sur la protéine tau

Les chercheurs sur la maladie d’Alzheimer ont longtemps concentré leur attention sur deux protéines dans le cerveau: la bêta-amyloïde et dans une moindre mesure, le tau. Après s’être beaucoup intéressé à la première sans résultats concluants, ils se tournent aujourd’hui vers la seconde, devenue une cible de premier plan.

Rappelons le mécanisme qui conduit à la maladie d’Alzheimer : la plaque amyloïde s’accumule dans le cerveau, en grande partie à l’extérieur des neurones, suivie par la formation d’enchevêtrements de filaments de la protéine tau qui obstruent leur intérieur. Des études récentes ont montré que le cerveau peut continuer à bien fonctionner avec l’amyloïde, tant que le tau toxique ne se propage pas. Les laboratoires internationaux essayent de mieux comprendre le rôle du tau dans les troubles neurodégénératifs pour trouver des moyens de l’apprivoiser avant que les cellules du cerveau n’en subissent les conséquences.

Analyse de la « tau-xicité »

En temps normal, la protéine tau aide à tenir la structure des cellules cérébrales. Mais divers changements moléculaires peuvent rendre la protéine toxique et causer des dégâts irréversibles. On parle alors de « tauopathie ». Une fois devenu toxique, le tau se replie pour former des nœuds. Dans cet état, il entraine le repliement d’autres protéines, qui s’agglutinent, créant un enchevêtrement. Les enchevêtrements d’Alzheimer diffèrent de ceux d’une personne atteinte de démence.

Une étude publiée en janvier 2020 dans Science Translational Medicine a révélé que l’endroit où s’accumule le tau dans un cerveau d’une personne indique quelles zones cérébrales dégénéreront. D’où l’importance de suivre l’évolution du tau pour prédire l’évolution de la maladie. Les scientifiques tablent beaucoup sur le potentiel du PET scan (Tomographie par Émission de Positons) pour cartographier chez les personnes à risques les enchevêtrements de la protéine Tau et prédire plus facilement leur évolution.

Définir une stratégie « anti-tau »

Il faut définir la bonne « stratégie anti-tau » avancent les chercheurs, ce qui n’est pas évident du fait que le fonctionnement de tau n’est pas encore bien compris, ni la raison pour laquelle il devient toxique. Une certitude cependant : le point de départ de différentes maladies neurodégénératives est l’apparition de certains ADN bactériens dans le système nerveux central. Il faut pouvoir « éteindre » l’étincelle qui déclenche « l’incendie » cérébral.

D’ores et déjà une vingtaine de composés anti-tau sont en phase d’essais cliniques dans le monde, dont neuf anticorps et deux vaccins candidats. Le défi est de savoir si la toxicité est déjà présente pour ne pas s’attaquer aux « bons » enchevêtrements de neurones, utiles au fonctionnement normal du cerveau.

Ces axes de recherche deviennent une priorité car la toxicité des protéines tau est impliquée dans de nombreuses maladies dégénératives. Même si cela n’offrira sans doute qu’une partie de la solution, préviennent les chercheurs.

Sources : letelegramme.fr, breakingnews.fr