Par Dr Alfred SAILLON, psychiatre
Une mauvaise alimentation, chargée en graisses et en produits sucrés, agît de manière néfaste sur le cerveau : la pression sanguine devient plus forte et la présence trop importante de cholestérol diminuent l’irrigation de notre précieux organe. On sait également que les composants de l’alimentation ont un impact rapide sur les aspects du cerveau comme la taille et le fonctionnement de l’hippocampe. S’il est avéré que la « malbouffe » entraîne des problèmes d’obésité et de diabète, on découvre aujourd’hui son influence possible sur le développement de la maladie d’Alzheimer. C’est ce que suggèrent différentes études ces dernières années.
Selon certains scientifiques, l’apparition de la maladie d’Alzheimer pourrait être facilitée par une résistance à l’insuline, comme dans le diabète de type 2. Une mauvaise alimentation empêcherait les cellules du cerveau de réagir correctement face à l’insuline, cette substance vitale, que l’on retrouve aussi dans les cellules de l’hippocampe, et qui permet de réguler les substances chimiques du cerveau, élément essentiel pour la mémoire.
En 2005, la neuropathologiste Suzanne de la Monte, de l’École de médecine Brown à Providence (Rhode Island), a publié un article dans lequel elle rapportait avoir découvert que « l’expression de l’insuline » dans le cerveau déclinait graduellement au cours de l’évolution de la maladie d’Alzheimer. Siegfried Hoyer, de l’Université de Heidelberg (Allemagne), fait partie des premiers chercheurs à avoir proposé l’hypothèse d’un « diabète de type 3 », selon laquelle un dysfonctionnement de l’insuline au niveau du cerveau serait à l’origine de la maladie d’Alzheimer.
Il n’est pas prouvé scientifiquement aujourd’hui que l’alimentation peut influencer l’apparition de la maladie chez l’homme, mais plusieurs recherches sur des rats et des souris donnent des pistes sérieuses : soumis à un régime alimentaire riche en graisses saturées, les animaux présentent une résistance à l’insuline, des troubles liés à l’obésité et au diabète, et des manifestations neuropathologiques qui annoncent la maladie d’Alzheimer. À contrario, un régime riche en oméga 3 semble les protéger de ces anomalies. Les chercheurs disposent aujourd’hui d’observations suffisantes pour recommander de soigner son alimentation, surtout en vieillissant.
C’est pourquoi nous sommes vigilants dans nos centres Alzheimer, depuis maintenant plus de 30 ans, sur la qualité de la restauration proposée à nos résidents. Elle se fait à base de produits essentiellement frais, variés, de menus équilibrés, élaborés avec l’aide de nos médecins conseils. Cela fait partie intégrante de la prise en charge des personnes que nous accueillons.